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Le Général Gourgaud à Sainte-Hélène
Le 6 août 1815, les dés sont jetés pour Napoléon
En effet, une semaine plus tôt, une délégation gouvernementale britannique lui a appris son départ pour l’île de Sainte-Hélène. C’est la stupeur parmi la suite de l’Empereur déchu.
Ce dernier dresse alors la liste de ses compagnons d’exil. Le général Gourgaud ne figure pas dans cette première liste. Le fougueux général se jette au pied de son maître, l’implorant en larmes de l’emmener. Il obtient finalement gain de cause et le Général Gourgaud part à Sainte-Hélène mais Napoléon regrettera ce revirement, tant il se montrera insupportable au fil des mois.
Gourgaud est une figure particulière du Premier Empire
En premier lieu il est officier d’artillerie (tout comme l’Aigle …). Puis il est nommé capitaine à Friedland. Il devient ensuite officier d’ordonnance de l’Empereur en 1811. Très zélé, il sauve la vie de Napoléon à plusieurs reprises (au Kremlin en 1812 et à Brienne deux ans plus tard).
Gourgaud aime profondément son chef. Il est ensuite nommé premier officier d’ordonnance et fait partie des généraux de la dernière heure. Autant dire qu’il est lié étroitement à Napoléon.
Le général Gourgaud à Sainte Hélène est difficile à canaliser
Cependant, l’homme a de mauvais penchants : impulsif, jaloux, colérique, il va mener la vie dure aux autres exilés de Sainte-Hélène. A la mi-novembre de l’année 1816, il se brouille avec Las Cases (l’auteur du Mémorial de Sainte-Hélène). Celui-ci, après la confiscation de ses papiers personnels, refuse de retourner à Longwood, où les tensions étaient vives autour de Napoléon. Tout d’abord ligués entre eux contre Las Cases, Montholon et Gourgaud (tous deux généraux) s’égratignent et se chamaillent sans cesse. Ce qui contraint Napoléon à intervenir directement dans cette affaire au début de l’année 1817. Il réprimande fortement Gourgaud.
A compter de ce moment, les tensions vont croissantes entre Gourgaud et Napoléon
Ce-dernier conteste le fait que le général lui ait sauvé la vie à Brienne, ce qui exaspère l’intéressé. Pire encore, en décembre 1817, le général envisage de provoquer Montholon en duel. Un mois plus tard, Gourgaud exprime sa volonté ferme de quitter l’île (“si j’ai à me plaindre, c’est de Longwood et non de Sainte-Hélène”, 25 janvier 1818). Au début du mois de février, au cours d’une conversation vive avec Napoléon, il lui demande l’autorisation de partir, ce qui est accepté. Le 7 février, Gourgaud envoie une demande officielle à Lowe (le Gouverneur de l’île). Quatre jours plus tard, le général et Napoléon se rencontrent pour la dernière fois, et les deux hommes sont emprunts d’une vive émotion. Gourgaud quitte l’île de Sainte-Hélène le 14 mars 1818 et vogue vers l’Angleterre.
Alors Gourgaud, fidèle parmi les fidèles ou colporteur d’ignominies ? A vous de juger …
Longtemps, les historiens ont pensé que Gourgaud et Napoléon avaient orchestré le départ du général vers l’Europe, avec pour mission de dénoncer les conditions de captivité de l’Empereur déchu et que sa fidélité, à toute épreuve, avait survécu à leurs nombreuses disputes. Il semblerait pourtant que tout cela soit faux, et pire, que Gourgaud ait même colporté des bruits sur Napoléon et ses anciens compagnons. Entre le 17 et le 20 février, il s’épanche auprès du Gouverneur (“Il a été Empereur et il ne l’est plus”, “il déclame contre son ancien maître de manière indécente”) et du couple Sturmer. Ses commérages sont rapportés à toutes les cours européennes.
De retour en Europe, il publiera son journal et écumera les palais royaux d’Europe pendant plusieurs mois.
Je vous conseille le très bon “Napoléon à Sainte-Hélène” de notre ami Pierre Branda sur la question si elle vous intéresse.
Prenez soin de vous,
Antoine Charpagne – Responsable culturel du Mémorial de la bataille de Waterloo 1815